Une fois par mois, ces dames se retrouvent autour d'un petit-déjeuner ou d'une salade chez « Pain et Compagnie ». Pour parler boulot, échanger des conseils, et surtout sortir de leur isolement, à vrai dire, choisi. Ainsi fonctionnent les Mompreneurs (1) bordelaises, un mouvement d'origine canadienne, qui recense 7 millions d'adhérentes aux États-Unis. Une quinzaine se sont groupées autour de la référente, Gaëlle Ellie : « Nous avons fait connaissance sur Facebook car nous étions toutes en recherche d'un réseau qui colle à nos préoccupations. Nous étions toutes salariées et pendant notre congé de maternité, nous avons réfléchi à un nouveau choix professionnel qui nous laisserait plus de liberté pour nos bambins. Nous étions donc toutes décidées à créer notre propre entreprise. » Voilà qui est fait.
Ingénieur, juriste, professeur
Elles ont été juriste en droit européen, ingénieur industriel, publicitaire, prof d'anglais, chef de production marketing, exportatrice en vins, cadre dans le transport. De bons jobs, incompatibles avec des bébés. Alors elles se sont lancées dans l'aventure. Sandrine, la Brésilienne, a créé un site de vêtements d'allaitement : « Très couramment portés dans mon pays », sourit -elle. Anne Fahmy a choisi de parler gastronomie sur le Net et passe un CAP de cuisine. Laurence Henaff, vend des œuvres d'art pour enfant et envisage d'ouvrir une galerie. Mais toutes ne sont pas dans l'e-commerce. Sandra Rossi importe des produits italiens pour les épiceries fines de l'agglo. Emmanuelle Gros anime des ateliers d'anglais pour petits. Gaëlle Ellie est en train de monter une crèche privée. Anne-Gaëlle Andrieu, a fondé, il y a cinq ans, une entreprise de services à la personne : « J'emploie 24 salariés et, quand les Mompreneurs ont besoin d'une baby-sitter à l'improviste, je donne un coup de main. » Ça, c'est pour le côté entraide des Mompreneurs qui sont aussi devenues des copines.
« Une épaule, une écoute »
Toutes ont investi dans leur projet, entre 6 000 et 25 000 euros. « Sur nos économies ou par emprunt. On a toutes pris des risques et nos rencontres régulières nous permettent d'aller de l'avant », assure Anne. Elles discutent de statut d'entreprise : « J'ai démarré comme auto-entrepreneur mais je cherche une formule plus adaptée », indique Laurence. Elles parlent aussi de contrats commerciaux, d'outils informatiques, de formation. « Le sujet a été débattu alors que je m'étais déjà inscrite pour mon CAP de cuisine payant sans savoir que je pouvais bénéficier d'aide financière », dit Anne. Au besoin, elles invitent un intervenant pour les éclairer.
« Ces thèmes m'ont encouragée à me lancer, concède Sandrine. Ici, on trouve une épaule, une écoute. Dans leurs clubs, les hommes causent business. Nous, on peut aussi parler des enfants et de nos problèmes de mères. Car, finalement, on a plus de travail qu'avant. L'avantage, c'est que l'on gère notre temps. La tranche 18-20 heures est sacrée. »
Le rôle du conjoint
L'appui du conjoint pèse lourd. « Il y en a qui disent "elles s'occupent". D'autres qui soutiennent leurs femmes. Tout projet qu'on entreprend, on nous attend au tournant », s'amuse Anne-Gaëlle.
Aucune ne regrette ce choix. « On profite de la symbolique de la Journée de la femme (aujourd'hui, NDLR) pour faire connaître notre association. Et pour dire à d'autres femmes chefs d'entreprise qu'elles ne sont pas seules. »
(1) Contraction anglaise de « maman et entrepreneur ». http://mompreneurs-bordeaux.over-blog.com
